Foot:quels sont les impacts du Brexit sur la Premier League?

Pour le fan de football lambda, le 31 janvier rime tous les ans avec dernière ligne droite du mercato hivernal. Cette année, plus globalement, ce jour a surtout été marqué par l’officialisation du Brexit. Avec une déflagration très importante sur le Vieux Continent. Et pour cause, cette décision politique qui fragilise, de fait, de nombreux secteurs de l’économie britannique, va rapidement avoir des conséquences sur le football anglais, et par effet de domino, sur la Ligue 1. Car si la Premier League n’est pas prête de perdre son titre de championnat le plus populaire au monde, ni même le record du montant des droits TV les plus élevés de la planète – 2 milliards d’euros par saison, seulement en Angleterre -, les règles vont, elles, bien changer. 

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La libre circulation des joueurs, c’est fini

Premier effet de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, et il est d’importance, le Brexit met fin à la libre circulation des travailleurs, et donc des joueurs dits « communautaires ». Concrètement, un joueur issu de l’Union européenne, français, espagnol ou encore hollandais, qui pouvait jusqu’à maintenant s’engager sans problème avec un club britannique, sera désormais considéré comme « extra-communautaire ». Or, selon les règles établies par l’UEFA, l’instance dirigeante du football européen, un club ne peut aligner au maximum que cinq joueurs “extra-communautaires” sur une feuille de match. Autrement dit, une écurie du championnat anglais qui pouvait jusqu’à maintenant engager un nombre illimité de joueurs issus de l’UE, pour faire plus de place aux joueurs sud-américains ou africains notamment, déjà considérés comme « extra-communautaires », sera maintenant contraint d’aligner au maximum cinq joueurs qui n’ont pas la nationalité britannique. Pas facile, quand on sait que plus de 330 joueurs étrangers évoluent actuellement en Angleterre, soit une bonne partie des effectifs de Premier League. 

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Un bras de fer entre la ligue anglaise et la fédération

Une nouvelle contrainte qui convient parfaitement pour le coup à la Fédération anglaise de football (FA), qui y voit une occasion en or de privilégier les joueurs britanniques, et ainsi mettre en avant la formation insulaire, pour le moins délaissée ces deux dernières décennies. Son but? Renforcer la sélection nationale, qui n’a plus gagné de grande compétition internationale, depuis son unique titre majeur, la Coupe du monde 1966. La FA a même récemment proposé de réduire le quota de joueurs non formés en Angleterre de 17, comme actuellement, à 13, sur un groupe de 25 joueurs. Problème, la ligue anglaise – qui régit le championnat et participe à son expansion au niveau mondial – craint une fuite des talents, et donc des revenus commerciaux, à commencer par les droits TV. Car s’ils ont atteint une sorte de plafond en Angleterre – 2 milliards d’euros par saison, pour les droits domestiques, et même 1,9 milliard dès la saison prochaine -, ils continuent à exploser à l’international, représentant près d’1,3 milliard cette saison… à comparer aux 80 millions d’euros que touche le championnat de France. On comprend ainsi aisément que pour conserver les meilleurs joueurs du monde, et donc une telle exposition, la Premier League milite pour un soft Brexit. « Il est en train de s’exercer un lobbying fort. Il y a des discussions depuis plusieurs mois entre la Premier League et Bruxelles, afin de négocier des règles transitoires et/ou dérogatoires », explique ainsi Thierry Granturco, avocat spécialisé dans le droit du sport.

Qu’en est-il de la dévaluation de la livre sterling?

Ce qui n’est pas négociable en revanche, c’est la fluctuation de la monnaie. Et même si la valeur de la livre sterling a plutôt augmenté, paradoxalement, depuis le 31 janvier, une dévaluation d’un peu plus de 10% s’est bien produite, entre le vote du Brexit le 23 juin 2016 (1 livre = 1,31 euro à l’époque), et son cours actuel, qui est remonté à 1,18€ ces derniers jours. Un manque à gagner non négligeable pour les joueurs, surtout quand on parle de contrats à plusieurs millions d’euros par an. Suffisant en tout cas, pour déclencher des négociations avec leurs clubs, pour discuter en amont des conséquences financières. « Depuis plusieurs mois déjà, soit les contrats sont rédigés en euros, auquel cas le club s’engage à payer le montant du salaire en euros. Soit des critères de correction sont ajoutés au contrat, c’est à dire qu’on accepte jusqu’à un certain montant, qu’il y ait une dévaluation de la livre à -5%, -10%, -15%. Le joueur accepte ainsi la variation de son salaire, dans un sens comme dans l’autre, si tant est que la variation ne dépasse le niveau fixé au contrat. Le club prenant en charge le reste, si la dévaluation est plus importante », détaille Thierry Granturco.

Un permis de travail encore plus difficile à obtenir?

Autre problème, qui s’ajoute à la simple atteinte à la libre circulation des joueurs, le fameux permis de travail. Obligatoire pour n’importe quel salarié sur le sol britannique, qu’il soit serveur, banquier ou bien footballeur, ce sésame était très facile à obtenir jusqu’à maintenant pour des athlètes européens. Tandis que la démarche devenait rapidement un calvaire pour un « extra-communautaire », allant même jusqu’à faire ralentir ou même capoter certains transferts de joueurs africains ou brésiliens notamment. La raison? Ces derniers doivent justifier un certain statut, comme d’être sélectionnés en équipe nationale et suffisamment « capés » dans leur pays d’origine, qui doit lui-même bien figurer au classement Fifa (Fédération internationale de football association), pour pouvoir être éligible. A titre d’exemple, si les règles actuelles avaient été étendues aux joueurs européens à l’époque, Paul Pogba – arrivé à 16 ans à Manchester United et tout juste sélectionné en équipe de France U16-, N’Golo Kanté – aucune sélection lorsqu’il débarque à Leicester en 2015 – ou encore Cesc Fabregas – il a signé à 16 ans à Arsenal, alors sélectionné avec les U17 espagnols – n’auraient probablement pas pu découvrir le championnat anglais. Tout du moins, pas si vite. 

 


Quid de l’achat de mineurs européens? 

Une tendance qui a d’ailleurs vocation à se généraliser. Car si l’on se fie à l’article 19 du règlement de la Fifa, concernant les mouvements de mineurs, les transferts de joueurs européens âgés de 16 à 18 ans seront interdits à l’issue de la période de transition du Brexit – qui se terminera au 31 décembre 2020 -, c’est à dire dès le 1er janvier 2021. Or les clubs anglais, forts de leur poids économique, profitaient de ce point de règlement pour s’assurer au plus tôt les services des meilleures pépites de demain sur le continent, moyennant un gros chèque. Résultat, Chelsea et Manchester City atteignent encore aujourd’hui 70 à 80 contrats professionnels, contre une bonne trentaine pour une écurie européenne lambda. Cette politique régulièrement nommée « trading de joueurs », visant ainsi à spéculer sur la future valeur de revente du joueur, aurait ainsi du plomb dans l’aile avec le Brexit. En Angleterre, comme en France dans l’autre sens. Car cette pratique arrangeait bien les clubs de Ligue 1 ces dernières années. Contraints par les règles de gestion très strictes du Fair-play financier, édictées par l’UEFA, ces derniers profitaient ainsi de l’attractivité de la formation française, pour survendre leurs meilleurs espoirs, afin d’assainir leurs bilans financiers.

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Quel impact sur la Ligue 1?

Cet été, l’AS Monaco a ainsi vendu de forts potentiels comme Han-Noah Massengo, 18 ans et seulement 7 matchs avec les pros, à Bristol City (Championship, 2e division anglaise), pour la bagatelle de 8 millions d’euros. Ou encore Hannibal Mejbri (16 ans à l’époque), jamais apparu avec le groupe professionnel, et vendu à Manchester United pour 10 millions d’euros. Beaucoup plus aguerri au haut niveau, Nicolas Pépé a quitté Lille pour Arsenal et 80 millions d’euros, alors qu’il était arrivé dans le Nord pour huit fois moins, deux ans plus tôt. Tandis que Tanguy Ndombélé, acheté 8 millions d’euros par l’Olympique lyonnais à Amiens à l’été 2018, s’est envolé pour Tottenham douze mois plus tard, contre un virement de 60 millions d’euros. « Il va certainement y avoir un rééquilibrage entre la Ligue 1 et la Premier League, du point de vue de la dévaluation de la livre et du nombre de joueurs étrangers que les clubs anglais pourront recruter. Mais aussi grâce à l’arrivée des nouveaux droits TV en France », observe ainsi Virgile Caillet, délégué général d’Union Sport & Cycle. Dès la saison prochaine en effet, la Ligue 1 empochera 1,153 milliard d’euros par saison, contre 700 millions actuellement. Elle vendra donc peut-être moins ses jeunes, mais sera plus solide économiquement et donc plus forte sportivement. Sauf si Neymar et/ou Kylian Mbappé venaient à s’envoler rapidement pour l’Espagne.

Pour le fan de football lambda, le 31 janvier rime tous les ans avec dernière ligne droite du mercato hivernal. Cette année, plus globalement, ce jour a surtout été marqué par l’officialisation du Brexit. Avec une déflagration très importante sur le Vieux Continent. Et pour cause, cette décision politique qui fragilise, de fait, de nombreux secteurs de l’économie britannique, va rapidement avoir des conséquences sur le football anglais, et par effet de domino, sur la Ligue 1. Car si la Premier League n’est pas prête de perdre son titre de championnat le plus populaire au monde, ni même le record du montant des droits TV les plus élevés de la planète – 2 milliards d’euros par saison, seulement en Angleterre -, les règles vont, elles, bien changer. 

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