[happy birthday] Charles Barkley, le provocateur au grand cœur


Rares sont les sportifs qui marquent l’histoire de leur discipline sans remporter le moindre titre avec leur club. Charles Barkley, qui fête aujourd’hui ses 57 ans, en fait partie. Ses actions éclatantes et ses déclarations fracassantes ont participé à l’extrême popularité du basket US dans les années 90. Devenu consultant TV, « Sir Charles » continue de faire parler de lui. Par ses provocations évidemment.

Au début des années 90, ce type qui se plante sur les noms des joueurs et de leurs équipes était peut-être le meilleur basketteur pro du monde. Bien sûr, Michael Jordan plane trois gratte-ciel au-dessus mais Charles Barkley est le plus complet. Dixit les spécialistes américains qui sont nés avec un œil basket et des tableaux statistiques à la place du cœur. Barkley, c’est la noblesse des bas quartiers de Leeds, Alabama. Dans le Sud profond. Là, quand tu es noir, tu as tout faux dès le départ… La chance de Barkley est d’avoir eu de gros biscotos et de la matière grise pour s’en sortir.

« Ce type est unique. Sa musculature exceptionnelle, sa détente vertigineuse et son mental d’acier en font un joueur hors du commun. » Pat Riley, alors coach des Knicks, n’a pas de superlatifs assez forts pour qualifier le phénomène. Julius Erving, légende du basket américain et père spirituel de Michael Jordan, en remet une couche : « Si je devais constituer une équipe, je la bâtirais sans aucun doute autour de Charles ».

« Je mourrai en essayant de remporter un titre »

Au début des années 90, Phoenix se frotte les mains. Sur le terrain, Barkley intimide ses adversaires. Il les affame par ses prises de balle. Il régale le public par ses prises de risques. Autre qualité remarquable : dans les moments chauds ou durant le money time, « Sir Charles » est tout le contraire d’un froussard qui essaie de se planquer. Il est de ceux sur lesquels on peut compter. « Tout ce que je veux, c’est gagner. Je rêve du titre NBA. Il ne se passe pas un jour sans que j’y pense. Je le gagnerai ou je mourrai en essayant de le remporter. Ma force, c’est d’être capable de faire des choses impossibles pour les autres. »

A l’époque, il commence à en avoir marre de courir après ce fameux titre. En quittant Philadelphie en 1992 pour rejoindre Phoenix, Barkley pense mettre toutes les chances de son côté. Après huit années passées chez les Sixers, il s’est décidé. Fini les éliminations précoces, les engueulades avec les propriétaires et les entraîneurs. Le courant ne passait plus. Sa priorité absolue était de rejoindre une grande équipe pour retrouver son pote Michael Jordan en Finales NBA. A lui seul, il a complètement changé la mentalité d’une formation qui avait trop souvent tendance à craquer dans les rencontres décisives. Hélas, il ne put rien contre le dieu du basket durant les Finales 1993. « Avec ses prolongations, le Game 3 a été le plus grand match de l’histoire du basket. Je me fous de savoir qui a gagné ou perdu. On a tout donné. C’est ce que les gens attendent, non ? »

Barkley n’en pouvait plus mais il a quand même pris 19 rebonds ce jour-là. Malgré les deux victoires au Chicago Stadium, Phoenix dut s’incliner. Grosse déception qui poussa Charles à annoncer sa retraite. Mais, une fois remis de ses émotions, il est de retour sur les parquets US.

Interlocuteur préféré des journalistes, Barkley trouve toujours la phrase choc qui fera hurler de rire ou, parfois, de fureur toute l’assistance. Barkley est une star et il parle en star. Il a surtout la réputation d’être une grande gueule. Lors des conférences de presse des Jeux Olympiques de Barcelone, en 1992, tout le monde s’est régalé avec ses petites phrases du style : « La seule formation capable de nous battre est l’équipe féminine des Etats-Unis ».

Avant un All-Star Game, il lance : « Je n’avais jamais réalisé qu’on pouvait réunir autant de mecs aussi laids dans un même endroit »

Autre perle : « Moi, je n’ai pas volé mon argent aux Sixers. J’ai joué avec des gars qui avaient besoin de porter un masque pour aller chercher leur chèque. »

Rick Mahorn, son ex-coéquipier à Philadelphie, casse les idées reçues : « Charles se fait passer pour un branleur mais il est tout le contraire ». « On croit que je me fous de tout mais je ne suis pas un clown, assure l’intéressé. Je suis souvent contre le système et ça dérange les gens. La vérité n’est, paraît-il, pas toujours bonne à dire. »

Michael Jordan apprécie d’une certaine façon sa franchise : « Charles ne tient jamais sa langue. Il dit ce que les autres n’osent pas dire. » « Je suis même un exemple pour les gosses, reprend ce dernier, car je ne connais que le travail pour réussir. »

Aussi doué que turbulent

Provocateur sur le terrain, il l’est encore plus dans les salles d’interviews. Son arrogance ne l’a pas toujours servi. Après une dispute mémorable, Bobby Knight ne le sélectionna pour les Jeux olympiques de 1984 à Los Angeles, alors que Barkley méritait objectivement sa place. Par le passé, il se retrouva plusieurs fois mêlé à des bagarres, se fit arrêter pour excès de vitesse alors qu’il était en possession d’une arme. Dès qu’une ânerie se prépare, vous pouvez être sûr que Barkley n’est pas très loin. Il est aussi recordman NBA pour les amendes et les prises de bec avec les arbitres. Cela fait partie du personnage, impertinent mais aussi très intelligent. « Pendant toutes ces années, j’ai insulté mes coéquipiers et les dirigeants de Philadelphie. Je me suis battu avec d’autres joueurs. J’ai insulté les Blancs, les Noirs, les féministes. Si j’ai oublié quelqu’un, prière de lever la main ! »

Un extrait de « Outrageous », sa biographie : « Charles ? C’est comme votre petit frère. Il fait des conneries tout le temps. Vous avez envie de lui foutre une baffe mais vous l’aimez bien quand même », explique Michael Jordan.

David Robinson, lui, explique qu’il est carrément plié en deux dès que Charles commence à l’ouvrir… Mais au-delà de ses incartades, Barkley est avant tout un homme au grand cœur. Anecdote : l’ami Charles entend parler d’un de ses fans en Floride qui en a ras-le-bol des études et qui veut quitter son bahut. Pas question de le laisser faire cette bêtise. « Sir Charles » prend son téléphone et lui parle pendant plus de 30 minutes pour le convaincre de continuer à suivre les cours au collège.

« Aider les mômes, ça doit être notre principal moteur dans la vie, explique-t-il. Leur bonheur vaut tout l’or du monde. Il est irremplaçable. »

Surtout celui de son jeune frère paralysé. « Je fais tout pour l’aider mais c’est parfois très dur. Parfois, ça me file le bourdon. Ça ne dure pas vraiment longtemps. Rien ne peut réussir à me détruire. »

Il n’avait peur de personne

Sur le parquet, il souffle comme un bœuf, transpire de partout, pousse comme un buffle, joue des coudes, hurle, chambre, râle… Mais à l’arrivée, c’est toujours lui qui ressort avec le ballon. Souvenez-vous : All-Star Game d’Orlando en février 1992. Dikembe Mutombo, le rookie de Denver, vient de faire ses grands débuts dans le Match des Etoiles. « Sir Charles » approche pour aller dunker. Mutombo le guette. Mais rien à faire, Barkley lui écrase un terrible dunk sur la tête. Mutombo se retrouve même le cul par terre. Ce genre de duel, Charles en vit tous les soirs. Shaquille O’Neal ne lui fait pas peur. Il aurait même tendance à le surmotiver, et on se souvient de son début de baston avec le Shaq.

Voilà pourquoi il se retrouve dans le gotha du basket mondial et continue d’aller tester la solidité des cercles en dunkant sur tout ce qui bouge. Bien qu’handicapé par de méchantes douleurs au dos, il a réussi, en cette année 1993-94, à mener les Suns le plus loin possible dans le tableau final. Hakeem Olajuwon et les Rockets lui ont barré la route du paradis dès les demi-finales de Conférence Ouest. Charles se dit que ce sera pour bientôt, et il rejoindra même Olajuwon à Houston, accompagné de Scottie Pippen. S’il ne gagnait jamais un titre, ce serait une grande injustice. Il aurait énormément de mal à le supporter. Il devra pourtant vivre avec jusqu’à la fin de ses jours… et Draymond Green lui a cruellement rappelé il y a quelques années.

=> lire également « Charles Barkley, Sir mais jamais roi »

Stats en carrière

16 ans

1 073 matches (1 012 fois starter)

22.1 pts, 11.7 rbds, 3.9 pds, 1.54 int, 0.83 ct

54.1% aux tirs, 26.6% à 3 points, 73.5% aux lancers francs

Palmarès

MVP : 1993

MVP du All-Star Game : 1991

All-Star : 1987, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97

All-NBA First team : 1988, 89, 90, 91, 93

All-NBA Second team : 1986, 87, 92, 94, 95

All-NBA Third team : 1996

NBA All-Rookie team : 1985

Champion olympique : 1992, 96

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