Livret A à 0,5 % : ils l’ont fait !



(Crédits photo : Pexels – )

C’est officiel ! Même si nous en parlions seulement comme d’une hypothèse dans notre dernier article, l’annonce a été faite par le Ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Lemaire : le taux du livret A a désormais atteint son plus bas niveau historique le 1er février 2020. Soit 0,5%. Explications.

L’amour du livret A : ce paradoxe à la française…Plus ça baisse, plus ça collecte !

Ah, ce fameux livret A. Depuis des années, ce placement est sur le podium des produits d’épargne préférés des Français. Les raisons principales ? Son accessibilité (fonds disponibles dans l’immédiat), son exonération (intérêts exonérés d’impôts et de prélèvements sociaux), ou encore son capital garanti. Tous les aspects sont réunis pour rassurer les Français, d’autant plus que ce livret d’épargne a un plafond de 22 950€. Plafond qui, de plus, peut être dépassé par la capitalisation des intérêts, sans pour autant faire perdre les avantages du livret.

Et pourtant. Depuis le 1er août 2015, le taux de rémunération du livret A était maintenu à 0,75%. Déjà très faible, ce taux continuait néanmoins de séduire, et ce, depuis cinq ans, preuve en est le montant déposé sur les livrets A durant cette période : plus de 152,5 milliards d’euros ! De plus, il ne faut pas oublier que sur les 66 millions d’habitants en France, 55 millions sont détenteurs d’un livret A !

En 2019, la collecte de ce livret d’épargne est même restée tout aussi solide qu’en 2018. L’encours du livret A a même progressé de presque 13 milliards d’euros, atteignant une somme de 298,6 milliards d’euros, selon les derniers chiffres publiés par la Caisse des Dépôts.

Pourquoi de si grosses sommes sont-elles placées sur ce type de livret d’épargne sécurisé, quand on sait qu’en France, le sujet qui fait le plus peur concerne la retraite ? Quand on sait que les Français souhaiteraient pouvoir investir davantage et bénéficier de revenus supplémentaires ? Cela représente bien ce qu’on aime appeler le paradoxe à la Française.

Ce n’est pas la première fois qu’Alireza Gorzin, Président de BFG Capital, prend la parole à ce sujet. Il a d’ailleurs souligné l’incohérence du comportement des Français vis-à-vis de l’épargne :  » Les Français ont peur de manquer d’épargne plus tard, mais ne prennent pas le temps de se renseigner davantage sur les placements. La peur, au lieu de figer l’épargnant, devrait être pour lui un moteur d’anticipation ».

Lire aussi : Livret A : le placement refuge des Français reprend du galon

Pourquoi baisser le taux de rémunération du livret A à 0,5% ?

Depuis le 1er février 2020, le taux a baissé et se retrouve aujourd’hui à 0,5%. Il faut savoir que le taux du livret A est révisable deux fois par an, le 1er février et le 1er août. Celui-ci est calculé d’après une formule moyennant les taux d’intérêt monétaires à court terme et taux de l’inflation sur les six derniers mois. Bruno Lemaire, Ministre de l’Economie et des Finances, a indiqué : « Je tiens à préciser que si nous appliquions la formule de calcul, la rémunération du livret A tomberait à 0,23 %. Mais comme nous nous étions engagés, elle ne baissera jamais sous le niveau plancher de 0,5%. »

Avec cette baisse, Bercy espère que les Français seront davantage amenés à diversifier leurs placements et, de la même manière, que cela permettra un meilleur financement des logements sociaux.

Chiffres clés

– 1818 : naissance du livret A (taux de rémunération à 5%) – 1829 : plafond du livret à 3,05€ soit 2000 anciens francs – 1981 : plus haut niveau historique du taux de rémunération 8,5% – 2020 : plus bas niveau historique du taux de rémunération 0,5%

Symboliquement, c’est un réel coup dur pour les épargnants qui peuvent se sentir démunis, surtout en cette période délicate de réforme des retraites. Mauvaise nouvelle, l’assurance-vie (plus précisément les fonds en euros), voit aussi ses rendements en baisse. Du côté des autres livrets bancaires, des changements sont également à noter. Le LDDS passe lui aussi à 0,5%. Le livret d’épargne populaire (LEP), risque de diminuer également, pouvant passer de 1,25% à 1%. Quant au Compte Épargne Logement (CEL), lui aussi est dépendant du livret A et risque donc de diminuer à 0,25%

Que faut-il en conclure ?

Selon le dernier baromètre de l’AMF, les Français estiment « qu’un taux de rémunération satisfaisant devrait se situer autour des 3% pour l’épargne sans risque ». Pensez-vous qu’avec l’abaissement du taux à 0,5%, les Français vont cesser de compter sur leur livret A ?

Le livret A apparaît comme un placement sécurisé même si très peu rémunérateur. Toutefois, beaucoup de Français font l’erreur de le confondre et l’utilisent comme un compte d’investissement. Alireza Gorzin le constate malheureusement trop souvent : « Il y a principalement deux catégories de clients chez BFG Capital : ceux qui ont compris que les placements bancaires sont des placements de précaution qui ne doivent pas dépasser une certaine somme de liquidité, et à l’inverse, et d’ailleurs à la majorité, ceux qui ont une culture F* assez peu ancrée, et qui continuent de penser que ces livrets sont des investissements. »

Le livret A doit continuer d’exister, certes, mais il doit être mieux utilisé et les consommateurs doivent être mieux informés. « Nous faisons face à un rapport extrêmement déséquilibré entre les banques et les épargnants. Posez-vous la question. », insiste Alireza Gorzin. « Si vous placez de l’argent sur votre livret A à un taux de 0,5% de rémunération, et que le lendemain vous appelez la banque pour un prêt consommation à un taux moyen de 5 à 6%, qui sera gagnant ? »

Le raisonnement peut paraître un peu simpliste comme cela, mais il est assez concret. Pour une bonne utilisation du livret A, il faut savoir n’y placer que des liquidités de secours, pouvant vous permettre de faire face à une urgence. Dès lors que vous avez davantage d’argent à placer, profitez-en pour vous renseigner sur d’autres types d’investissement qui eux, vous rapporteront à termes, bien plus de rendement.

Maintenant, reste à savoir si les Français sont prêts à changer leur comportement d’épargne et d’investissement, ou si cette baisse de taux n’aura pas de réel impact. Quoi qu’il en soit, en continuant sur cette voie, c’est vers une baisse du pouvoir d’achat que les épargnants se dirigent…

Achevé de rédiger le 5 février 2020 par Amélie Yem Chargée de missions en développement chez BFG Capital


*Culture F* : Culture Financière

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