Le scénario précisément décrit dans un rapport d’experts rendu trois jours avant le sinistre


L’usine Lubrizol à Rouen, le 24 octobre 2019. — Robin Letellier/SIPA

« C’était écrit. » L’expression presque consacrée semble plutôt bien s’appliquer à l’incendie de l’usine d’hydrocarbures de Lubrizol, à Rouen. Le Monde et Mediapart révèlent ce samedi les conclusions d’un rapport d’assurance de l’usine qui décrit, quasiment par le menu, le déroulement d’un possible
incendie sur le site pétrochimique. La date de ce rapport ? 23 septembre 2019 : trois jours avant le véritable incendie.

Deux experts ont visité le site de Rouen début septembre et le rapport est absolument accablant : « Lors d’un incendie, les conteneurs intermédiaires en plastique (IBC) fondraient rapidement et le liquide combustible et/ou inflammable se répandrait sur le sol, créant comme un grand feu de piscine. En raison de l’insuffisance d’espace de séparation et du manque de systèmes de confinement et de drainage adéquats, ce feu se propagerait rapidement à l’ensemble du bâtiment A5, entraînant sa destruction totale, et pourrait même s’étendre aux bâtiments environnants. Ce qui pourrait conduire à l’arrêt des activités d’enfûtage du site pendant plusieurs semaines ou mois avant qu’une solution temporaire ne soit trouvée. »

Pas les premières remontrances

C’est presque exactement ce qu’il s’est passé le 26 septembre 2019, à partir de 3h du matin, heure du déclenchement de l’incendie qui a donné du fil à retordre aux pompiers pendant des dizaines d’heures. Laissant le temps à l’impressionnant panache de fumée de l’incendie de polluer l’air de Rouen et d’une partie de la région.

Bien sûr, il n’était pas possible à Lurizol d’engager en trois jours des travaux – importants – pour suivre les recommandations des experts. Néanmoins, Le Monde note que des mises en garde similaires de ses assureurs avaient eu lieu en 2018, 2017, 2016, 2015 et 2014. C’est beaucoup, mais la direction de Lubrizol se défend en expliquant qu’au moment de l’incendie, toutes les normes de sécurités étaient respectées sur le site.

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