Des véhicules blindés, des chars et des commandos turcs ont pénétré, vendredi 7 février, depuis la ville turque de Reyhanli vers la région d’Idlib, la dernière redoute de la rébellion syrienne, où se joue l’un des épisodes les plus dramatiques de la guerre en Syrie. Ces renforts ont été envoyés par Ankara, le parrain de la rébellion anti-Bachar, pour répondre à l’encerclement par les forces loyalistes syriennes de plusieurs de ses points d’observation dans la province.
Trois postes turcs sont encerclés. Le dernier a été assiégé jeudi quand les forces syriennes loyales à Bachar Al-Assad ont resserré leur étau sur la ville de Saraqeb, située à la jonction de deux autoroutes reliant les provinces d’Idlib, d’Alep et de Lattaquié.
Pour prendre le contrôle de ces axes routiers, Damas et ses alliés russe et iranien ont assiégé la ville, privant le poste turc local de ses lignes d’approvisionnement. En réaction, les renforts turcs qui ont passé la frontière vendredi ont été déployés à Taftanaz, à Binich et à Maarat Misrin, des localités situées au nord de Saraqeb où des combats ont fait rage vendredi. Le même scénario – encerclement, envoi de renforts – avait conduit, lundi, à des affrontements meurtriers entre soldats turcs et syriens, faisant huit morts côté turc et treize côté syrien.
Activités « terroristes »
Entre Damas et Ankara, la tension est à son comble. Présente depuis octobre 2017 à Idlib à la faveur d’accords passés avec l’Iran et la Russie, l’armée turque y dispose de douze postes d’observation que son commandant en chef, le président Recep Tayyip Erdogan, entend conserver.
A l’opposé, le président Bachar Al-Assad, qui brûle d’écraser la rébellion, aimerait voir les soldats turcs plier bagage – une issue que M. Erdogan cherche à éviter. Avant la prise de Saraqeb, il a sommé Damas de mettre fin au siège d’ici à la fin du mois de février, expliquant qu’en cas de refus, la Turquie « allait le briser elle-même ». Le ministère turc de la défense a promis vendredi des représailles en cas d’attaque contre ses soldats.
Il n’est pas certain que la direction turque ait les moyens de ses ambitions. La maîtrise du ciel syrien, dominé par l’aviation russe, lui échappe, tout comme sa relation avec le Kremlin. Le président Vladimir Poutine est resté sourd, ces derniers temps, aux discours belliqueux de son homologue turc. Les deux hommes se sont certes entretenus mardi par téléphone au sujet d’Idlib, mais la demande russe de voir l’armée turque reculer de ses positions est restée lettre morte.