Emmanuel Macron peine à être audible sur sa politique économique


Emmanuel Macron, lors d’une visite d’entreprise à Nersac (Charente), le 30 janvier.
Emmanuel Macron, lors d’une visite d’entreprise à Nersac (Charente), le 30 janvier. LUDOVIC MARIN / AFP

Il y a longtemps que des travaux d’économistes n’avaient pas déclenché une telle tempête politique. L’étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiée mercredi 5 février, qui conclut notamment que la politique du gouvernement favorise les plus aisés et les actifs, au détriment des très modestes, n’a pas manqué de faire réagir à Bercy, dans la majorité et jusqu’à l’Elysée.

En calculant que les 5 % de Français les plus pauvres devraient voir leur niveau de vie se réduire de 240 euros par an sous l’effet des mesures fiscales et sociales des trois premiers budgets Macron, alors que les 5 % les plus riches verront le leur grimper de 2 905 euros par an, cet institut classé à gauche n’a pas seulement mis des chiffres sur la politique économique menée depuis deux ans et demi. Il a relancé la polémique sur un Macron « président des riches ».

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« Je conteste la méthode du rapport de l’OFCE, mais aussi son esprit, qui reste attaché à une vision redistributrice de la politique économique nationale, a réagi le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, jeudi. Cela fait des années (…) que nous vivons avec cette même idée qu’il faut redistribuer toujours plus, produire toujours moins, et au bout du compte augmenter les taxes et les impôts. »

De Bercy au cabinet d’Agnès Buzyn, la ministre des solidarités et de la santé, le gouvernement est monté au créneau pour dénoncer ce qu’il considère comme des approximations : l’OFCE, assurent-ils, n’a pas pris en compte l’intégralité de la revalorisation de la prime d’activité, destinée aux actifs rémunérés autour du smic.

Les conséquences de la fiscalité du tabac sur le portefeuille des ménages ont été surestimées, l’impact sur le revenu des ménages du retour à l’emploi de certains Français modestes mal évalué. « 40 % des chômeurs sont des pauvres. Notre priorité, c’est le retour à l’emploi », martèle-t-on à Bercy.

Nouvelles économiques encourageantes

Au-delà des querelles de chiffres, les réactions de l’exécutif illustrent sa fébrilité. « En plein conflit social sur les retraites, le moment n’est pas anodin. Cette étude tombe à point nommé pour l’opposition, et entre en résonance avec un ressenti largement partagé dans la population : celui d’une politique de cadeaux fiscaux envers les plus fortunés », indique Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP.

Une grille de lecture établie dès le début du quinquennat, à l’occasion du téléscopage entre la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune en impôt sur la fortune immobilière et le rabot de 5 euros sur les aides au logement.

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