Le film de Sam Mendes figure parmi les favoris des Oscars qui seront décernés dans la nuit du dimanche 9 février à Los Angeles. Tranchées creusées en pleine campagne anglaise, cadavres plus vrais que nature, prouesses pyrotechniques : ce journaliste raconte par le menu le travail titanesque des équipes techniques pour le tournage.
Salué dans le monde entier comme une fabuleuse prouesse technique, 1917, de Sam Mendes, a été nominée dans presque toutes les catégories imaginables aux derniers Bafta [l’équivalent britannique des Oscars, dont la cérémonie s’est déroulée le 2 février et dont 1917 est sorti grand vainqueur avec sept récompenses]. Le film [en salles en France depuis le 15 janvier] raconte l’histoire de deux jeunes soldats britanniques qui doivent se faufiler derrière les lignes ennemies pour sauver un bataillon de l’anéantissement. Avec un budget qui se situerait aux alentours des 81 millions d’euros, il s’agit probablement du film le plus cher jamais tourné au Royaume-Uni (Cheval de guerre [de Steven Spielberg] aurait atteint en 2011 les 60 millions d’euros).
Et l’argent se voit à l’écran. Il a fallu une armée d’artisans pour recréer l’enfer boueux de la Première Guerre mondiale, et ainsi offrir une expérience visuelle qui nous donne l’impression de suivre deux plans continus en temps réel.
Mendes et son équipe chevronnée ont préparé cette aventure avec une précision logistique minutieuse, si bien qu’il a été possible de relier entre elles de façon aussi invisible que possible chacune des longues prises réalisées par ce magicien de l’image qu’est Roger Deakins [le directeur de la photographie de 1917].
Presque tout ce que l’on voit — des tranchées britanniques et allemandes aux ruines d’une petite ville française, en passant par la ferme abandonnée où le film fait une pause — a été entièrement reconstitué dans divers coins de la campagne anglaise, de Salisbury Plain, dans le Sud-Ouest, à la base aérienne de Bovingdon, dans le Hertfordshire.
Aux commandes, un vétéran du décor
Des répétitions ont été orchestrées pendant cinq mois sur ces sites avant que ne débutent les 16 semaines de tournage en avril 2019. Durant une grande partie de ce temps, il s’est agi de veiller à ce que le moindre détail soit à sa place — un sac de sable ici, un brancard de toile là, le déploiement de près de 1 000 figurants en uniformes, mais aussi de quelques-uns des cadavres les plus réalistes et répugnants jamais croisés sur un champ de bataille cinématographique.
Lee Sandales, le chef décorateur nominé aux Oscars et aux Bafta [où il a été récompensé], n’en est pas à son coup d’essai sur la Grande Guerre, puisqu’il a déjà été récompensé
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Tim Robey
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Atlantiste et antieuropéen sur le fond, pugnace et engagé sur la forme, c’est le grand journal conservateur de référence. Fondé en 1855, il est le dernier des quotidiens de qualité à ne pas avoir abandonné le grand format.
Son agenda est
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