Après un mois de grève, les avocats votent la poursuite de leur mouvement contre la réforme des retraites


Mobilisation d’avocats contre la réforme des retraites à Lyon, le 30 janvier.
Mobilisation d’avocats contre la réforme des retraites à Lyon, le 30 janvier. Laurent Cipriani / AP

Deux jours après les dernières propositions du gouvernement pour accompagner le basculement du régime autonome de retraite des avocats vers le système universel, l’assemblée générale du Conseil national des barreaux (CNB) a décidé à l’unanimité de « poursuivre le mouvement de forte mobilisation selon des modalités (toutes formes de grèves, manifestations, journées d’actions…) arrêtées par les barreaux ».

La détermination des quelque 70 élus présents, vendredi 7 février, contre « un système universel de retraite inéquitable, dont le mode de financement n’est toujours pas défini », reste totale.

En revanche, il n’est plus question d’appeler les 164 barreaux du pays à faire grève. Des modes d’action pour « faire dérailler la machine judiciaire », selon un élu, comme une grève du zèle ou la défense de masse concentrée sur une audience où une kyrielle d’avocats vient plaider des nullités de procédures pourraient être organisés. Un « kit » pour ce type d’actions ciblées devrait d’ailleurs être distribué aux bâtonniers dans les prochains jours.

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Le paradoxe des modalités de grève qui avaient été privilégiées jusqu’ici a été de faire peser le coût du mouvement sur la frange économiquement la plus fragile de la profession. En arrêtant les désignations pour les commissions d’office de garde à vue, les permanences pénales, celle pour le droit des étrangers, les mineurs et l’hospitalisation sans consentement, les bâtonniers ont privé de revenus même les avocats qui souhaitaient travailler.

« Un grand nombre va mettre la clé sous la porte avant que la loi sur les retraites soit votée », a prédit Houria Si Ali, du syndicat Manifeste des avocats collaborateurs. Des tiraillements sont apparus au sein des barreaux. Et côté justiciables, ce sont principalement ceux qui sont à l’aide juridictionnelle, les plus démunis, qui ont été affectés.

Mettre à disposition un « simulateur fiable »

Sur le fond, Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux, s’est félicitée devant son assemblée que « la mobilisation [ait] forcé le gouvernement à venir avec de nouvelles propositions, comme le lissage de la transition jusqu’à 2054 alors que 2040 est la date retenue pour les autres professions libérales. Aucune autre profession libérale n’a obtenu plus que les avocats ».

Toutefois, les chiffres du gouvernement sur l’aspect « indolore » de la réforme sont contestés. Alors que des simulateurs censés permettre de calculer l’impact de la réforme sur les charges des avocats et le niveau de leur pension sont qualifiés de trompeurs par le gouvernement, le CNB le prend au mot et lui demande de mettre à disposition « un simulateur fiable ».

Malgré son opposition réitérée à la réforme, le CNB a accepté la main tendue par le gouvernement en répondant positivement à l’invitation pour « examiner d’éventuels aménagements sur les scénarios d’intégration dans le système universel ». De même, les avocats ont décidé de participer aux travaux relatifs aux conditions d’exercice de la profession d’avocat (exécution provisoire des décisions de taxation d’honoraires, droits de plaidoirie, aide juridictionnelle). Des discussions que le gouvernement souhaite boucler avant la fin du mois d’avril.

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